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Au Jardin En ville / Au jardin L'été La vie ordinaire

L’été sauvage

Le jardin est superbe. Les sifflement sont élégants, tourbillons d’hirondelles et le soleil caresse lentement, seconde après seconde mon coude puis mon bras gauche, huilés de plage. Il dit bonjour le monde, bonjour la vie dans une légèreté divine.

Sur la terrasse aux kiwis, de grandes tiges intrigantes de ces dernières semaines ont offert ce week-end des marguerites timides. Elles auront mis un an à se réaliser, à sortir de la terre, à oser prendre pied, racine, pierre lourde sur le sol de mon jardin dôré. Près d’elles, des petites fleur bleues patientent. Elles, sont toujours perlées de tiges gluantes, embrassages d’escargots sûrement, ou encore mieux, limaces qui glissent et sucrent les feuilles pendant que nous dormons.

J’ai coupé hier des oeillets à la racine, posé les fleurs feuilletées dans les jolis flacons d’eau au dessus de la table. J’ai bricolé impatiemment une maison aux oiseaux, tiges de bois secs des kiwis rassemblées à la corde, rubans, coupelle d’eau, et une feuille immense, volée à mon fraisier sur laquelle se repose une brassée de graines pour mes fous du jardin.

Ici, il me semble cette année, plus que les autres fois, des nuées d’oisillons s’amusent. Des hirondelles comblent le ciel, des brassées de petites ailes bouillonnantes tournent et parcourent le ciel au-dessus de mon banc de bois.

J’ai bien cru que le saule serait taillé de près mais il a échappé à la sauvage tristesse qui me prend tout. Il est là, immense, divin, majestueux, il est un dieu sur la colline, il est au sommet de mon coeur, la vie ici, sous le grand saule planté dans le jardin de la maison de pierres de Pierre.

L’érable va très bien. Le prunus se pavane. Dans ma main, ce matin, en revenant de l’école, des graines de pivoines, je cherche partout le coeur blanc en céramique pour les déposer précieusement, laisser sécher le trésor amoureux, prendre soin.

De beaux cailloux d’un blanc calcaire sont déposés sur le parvis de la maison, la voiture a sa chambre, son garage, j’aime cette impression de propre, la vie sage et rangée, jolie surtout, arrangée je dirais. Oui, j’aime bien quand les choses sont rangées, câlées comme il le faut pour moi, quand elles semblent appartenir à un rythme crée par nous, une vie à notre image.

C’est joli, ce blanc pur sous le nuages de fleurs pâles, ce rose doux qui se balance sur les rangées de bois.

Un nuage a chassé la caresse. Mon bras a un peu froid soudain, et le chatouillement léger gagne mon dos, ma nuque. Je vais chercher un gilet dans la maison, le bleu léger, marine, que je noue sur mon ventre. Je passe la tête dans la chambre de mon fils : il a déjeuné seul, débarrassé, frotté la table, fait le lit de sa soeur , ouvert les fenêtres des chambres. Il a grandi surtout. Plus grand que moi en taille, baskets en 41, il sourit en levant le nez. Neuf heures et déjà sur son téléphone.

Je passe dans la cuisine, assemble religieusement la fragile théière de verre et son chapeau, piston et filtre à thé, je sors du placard le plateau, attrape sur l’étagère aux tasses précieuses, un précieux bol rose laqué, je jette, désinvolte des brins de thé sucrés fleuris au fond de la grotte, l’eau bout.

Un lézard traverse la terrasse. Quand je tourne la tête vers son mouvement soudain, il stoppe. Puis repart. Une serviette de piscine cotoie deux maillots bleus sur le fil, et les oiseaux chantonnent.

Au mur, sous la gouttière, j’ai monté une échelle de bois, une échappée pour mes fleurs bleues, un lien vers le ciel.

Un voisin coupe des haies, la voisine parle dehors, elle braille fort au téléphone, des banalités un peu énervantes, une araignée microscopique longe la crête de mon ordinateur, une écharde douloureuse a réveillé le bout de mon index droit, c’est lundi, le temps du week-end est passé, le coq me chante que l’heure arrive, celle d’ouvrir l’écran du boulot, de retourner dans le froid sûr des gens pressés, des gens stressés, des gens aux pieds mouillés et aux plafonds qui gouttent.

Je me rêve ailleurs déjà, dans un été sauvage, dans une rivière froide, dans un paysage qui me lave d’ici, pour mieux y revenir.

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