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Une île

Je ne sais pas comment je vais. Bien, il me semble, et puis des fois, non. Comment je vais, je le saurai plus tard, quand la période aura bougé. J’ai besoin de recul et de temps pour me voir avancer et quand je peine, c’est toujours en retard que je le vois ah oui, là, c’était dur, j’étais triste finalement….ou oh la la mais cette énergie d’alors ! Que de soleil dans mon cœur !

Et vous, comment allez vous ?

Depuis quelques semaines, je dis oui au repos, mais je ne trouve pas sa forme. Les jours passent et je me sens,plus molle, plus flottante, dans une sorte d’attente incertaine, un p’tit peu coquille vide, usée, fanée, courbée. Le temps s’écoule et je ne reviens pas. C’est long. C’est vraiment long.

J’ai besoin de tendresse et d’amour. Je voudrais des mots doux et des rires. Je chuchote sois patient à mon cœur. J’ai honte, un peu, de ces besoins, je tais ma petite solitude…Ne sommes nous pas tous dans la même barque ? Qui suis-je pour me plaindre. Je me tais. Je me tais. Je me tais. J’ai l’impression de n’avoir plus à dire, rien.

Je m’accroche, je vogue :

*J’ai convoqué mentalement un cerisier à fleurs roses, sur une idée solaire et lumineuse de ma Zoé. Celui qui pousse dans notre jardin fait des fleurs blanches et bon…j’ai envie de fleurs roses. Je l’ai adopté ce matin, en marchant vers l’école, un sourire rose au cœur, un grand merci au fond des poches. Il m’attend quelque part. Je vais aller le chercher, samedi sûrement, le planter, le faire grandir, lui parler, l’admirer. Le regarder pousser. Le soigner. L’aimer. Car qu’est ce que la vie sinon ?

*J’ai bu mon thé debout, en regardant dehors. Comme dans un film. Tasse à anse, liquide chaud, fumée de menthe. C’était simple et parfait. Une chose que je ne fais jamais, boire mon thé et rien d’autre. J’étais au téléphone, en vérité.

*Je commence à soigner mon jardin. Fleurs et arbres. Bonne terre, bruyère. Gants et morceaux de bois. Corde. Je vais m’offrir une serre en verre. Créer des carrés potagers. Une cabane en bois, avec une grande verrière, que j’installerai sous les arbres, pour bouturer, préserver, écrire, rêver… J’y mettrai des tulipes, de la lavande, des graviers, du bambou sec pour tutorer, un moulin à vent, des pots de terre à l’envers, un banc en fer forgé. J’y installerai le ciel et les oiseaux.

*Je vais remplir de mots d’amour et de soleil un pot en bois blanc sur la commode de l’entrée. Chaque matin pluie, gris, flou, mou, genou ou caillou , les habitants et visiteurs de la maison pourront piocher un peu de poésie à emporter avec eux…

*J’ai sur les lèvres un rouge très rouge. Une tâche de lumière pour réveiller mon visage.

J’ai lu ceci aujourd’hui qui m’a beaucoup touché :  » Chacun est sur son île, chaque maison, chaque famille, chaque appartement, chaque personne : une île. Nous formons de petits archipels humains qui attendent des bateaux pour se rejoindre, qui espèrent le moment où le vent gonflera leurs voiles ». C’est Juliette qui le dit.

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2 commentaires

  1. Sandy a dit :

    Je sers les dents et j’avance comme on affronte une pluie battante. Je ne suis que vent et eau dégoulinante. Je m’oublie, je m’oublie. Je désinfecte les petites mains, les claviers, les surfaces, je fais mon métier le temps qui reste puis je cours en redésinfecter d’autres. Je traverse à la course, les averses, en apnée permanente. Et je souris des yeux et je plaisante pour eux, je les tiens en éveil, curieux, dans des mondes lointains ou imaginaires, dans la soif d’apprendre et de comprendre. Et je m’emporte avec eux dans une bulle qu’ils pourront peut-être prolonger un peu dans la morosité et l’inconscience extérieures, dans un monde fou où j’essaie de leur apporter du sens. Mais parfois, le soir, après avoir nourri et câliné mes proches, astiqué la maison, la bulle et le sourire se lézardent et j’appelle un sommeil qui se dérobe. Je cherche ignorante à deviner la fin de l’averse et je fais des paris fous : après Pâques, après juin, après, après… Quoi ? Pourquoi n’ai-je pas toutes les réponses ? Alors je rentre la tête dans les épaules et je me prépare à courir de nouveau sous l’averse.
    Quand la crise sera passée, je m’effondrerai, tout doucement. Je me coucherai là et je me pelotonnerai sur moi-même réclamant solitude et qu’on me laisse tranquille. Je ne suis pas endurante sans fin et après le courage vient toujours la lassitude. C’est ainsi que je fonctionne.

    1. Cenina a dit :

      Oh Sandy, que ta réponse me touche. Oui c’est terriblement difficile, et quand la crise sera passée, que restera-t-il ? Nous ne le savons pas encore, nous sommes dans la tempête, il faut tenir la barre, chacun à son niveau, à son poste, à sa façon. C’est beau ce que tu d(écris). Je t’embrasse..

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