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Chroniques quotidiennes L'automne La vie ordinaire

Premiers gels

Ce matin, en me regardant à travers la buée du miroir, je me suis surprise à sourire à l’idée du manteau de givre recouvrant la campagne environnante.

La campagne, ma maison depuis bientôt dix ans finalement, et l’hiver en approche, que, craintive citadine, j’ai depuis appris à apprivoiser.

A l’heure du départ à l’école, 8h12, elle enfile ses chaussures, demande toujours lesquelles mettre, cherche partout son manteau, réclame un col, une écharpe, mais un « joli » comme ses copines… Je glisse la clé dans le verrou glacé du portail, on file main dans la main, en remontant la rue.

Sur le chemin, tout dort, rien ne dort. Les ânes ont disparus du champs, ils sont trois cette année, « une famille » me dit-elle en grimpant sur le muret de pierre. Je tiens sa main, toujours, et mes talons étouffent un peu plus le tapis de feuilles mortes usées et mouillées, presque bouillies d’avoir été piétinées : de larges feuilles rousses et brunes, sur lesquelles sont posées, délicates, ces divines petites pincées d’or, petits écus de Ginkgo, feuilles jaunes par milliers sur le seul trottoir bitumé du village.

Les travaux de la Mairie avancent, on peut désormais passer par l’avant pour déposer nos enfants. La mousse est blanche sur les murets, je la prends en photo, laissant les arbres flous et nus , derrière moi.

On se regarde elle et moi, yeux vifs et brillants disant tout ce que l’on mettait il y a peu dans nos baisers furtifs. Il faudrait qu’elle baisse son masque et moi le mien, et souvent, c’est ainsi, devant le portail vert, un baiser volé à ma petite fille. Il y a dans nos yeux autant d’amour, sinon plus désormais, un message appuyé, je t’aime de toute mon âme, aller file. A ce soir.

Dans la descente, le ciel est superbe, mélange de rose mou, sur lequel se pose un bleu timide, écrasé d’un blanc voluptueux qui saisit tout. Couleurs de matin froid, grandes feuilles jaunes et usées qui s’accrochent aux branches silencieuses et cachées. Derrière une fenêtre oubliée, milliers de toiles d’araignées. Et mes petits talons qui glissent dans la bouillasse. Je remonte mon col, je vais rentrer au chaud.

*

Dans la cuisine, je range la boite de céréales, le Nesquick, la bouteille de lait oubliée, le beurre. Tasses sales à laver, miettes époussetées. Je fais chauffer de l’eau pour mon thé du matin.

Je vais mieux ce matin, j’ai marché lentement, économisant mes forces, après le méchant rhume qui a volé mon énergie de ces quatre derniers jours.

J’ouvre les chambres sur le froid bleu, je lance un sèche-linge. Je verse l’eau dans la théière de verre, je note quelques idées nouvelles dans le carnet du quotidien . Je m’enveloppe d’un châle. Je vais travailler.

Je vous rajoute deux titres merveilleux, doux et envoûtants comme j’aime, parfait pour ce lundi frisquet.

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