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Chroniques quotidiennes Dedans/dehors L'été La vie ordinaire

Ciel coton

Ce matin, je titube du bout du lit à la chambre de ma fille. Aucun son ne sort de ma bouche, aucune énergie ne traverse mon corps que j’avais couché tôt. Je divague et je tangue. Une oreille, la gauche, me fait mal, j’enfile un top blanc et une chemise en lin, sa chemise à lui. J’enfreins une drôle de règle que je me suis inventée, je souris à cette idée drôlement légère, je suis bien dans sa chemise, je m’en fait un cadeau. Elle est à moi.

Je dépose la poudre de café dans la tasse rose, je verse l’eau bouillante, je tangue toujours devant mes céréales, mes lèvres sont pâles et blanches. Crevée. Je suis crevée de ces dernières semaines et cette nuit promettait pourtant de bonnes heures de recharge.

Le soleil joue au loup, rayon fort et sommeil. Je tape des mots rapides, joues roses de poudre claire, chemise pâle et envie d’une tasse de café.

En pleine nuit, un tonnerre terrible a grondé sur nos têtes, la fenêtre entrouverte derrière le rideau rose était comme un spectacle sur des lueurs que je n’ai pas voulu apercevoir.

Les yeux ouverts, je les ai eu malgré tout, à coté de mon homme endormi, rendormi pour dire mieux après avoir rassuré notre fille, allumé la veilleuse, débranché les machines du cellier. Sa respiration légère est repartie dans une belle nuit et j’ai fureté dix minutes sur la pâleur du téléphone. Instant bizarre et irréel, ce 4h02 affiché sur l’écran.

J’ai tout éteint.

Je n’ai pas osé me lever, m’emporter loin du lit, enfiler un gilet, m’emmener dessiner, écrire sous une lampe douce, dans la moiteur humide de cette nuit d’orage. Je n’ai pas osé contrer ma peur, encore elle, elle encore, et je suis restée longue, immobile, tourneboulée sur le matelas, dans mes rêves imbéciles et mes pensées en boucle.

Contrer ma fatigue encore moins, celle qui se colle à moi et empêche mes jours, celle qui me fait flancher soudain, informant à mon corps un manquement mais lequel ?, qui m’éparpille dans la panique de ne pas savoir, une petite mort soudaine, et la vie, oh la vie, je l’aime tant, je ne veux pas mourir, je n’ai pas eu le temps. Un grand n’importe quoi de nuit .

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