J’ai pris, hier, un congé de moi-même.
J’étais fatiguée en me réveillant, le réveil a sonné mais je n’étais pas là, pas envie. Ni de me lever, ni de penser à une douche, ce mouillé sur ma peau chaude et endormie. Non. Merci. Non plus l’envie de m’habiller, choisir dans l’armoire quoi/quel….non plus. Dis comme ça, ça pourrait ressembler à une petite déprime, j’assume en l’écrivant que c’était une sensation « autre », déjà disparue ce matin, que j’ai à cœur de raconter.
Il y a la fatigue normale, bien sûr, et peut être un peu de ce monde d’avant, échappé, disparu, qui, maintenant qu’il est loin derrière, commence à manquer cruellement. Les gens de loin, la peur constante, ou plutôt le risque permanent, le vol de l’insouciance.
Je n’avais pas envie d’être moi, juste un instant, sortir de cette vie revêtue, de tous ces choix, de ces projets heureux, joyeux, fous ou insensés. Pas envie de ce visage, de cette démarche, de ces pensées récurrentes. De cette atmosphère, de ces sons. Un sentiment immense et délicat, que de vouloir des fois, sortir de soi un instant, d’être fatigué de cette vie unique qu’il faut embellir, soigner et décorer, border, bercer à l’infini. Cette sensation d’injustice, je me voudrais « autre » un instant, pour mieux me revenir, pour me manquer un peu, pour mieux voir combien je suis bien dans cette peau, cette vie, ces contours et ces amours.
Sortie du cadre, de l’organisation de mes jours ici, plutôt recluse et très tranquille depuis l’apparition du virus dans nos vies.
Pour la première fois, je n’ai pas écrit. Pas pensé à tout ce qui habite mes jours depuis des mois maintenant. Pas réfléchi. Pas eu envie d’avoir d’idées, j’ai laissé fermée la cage, j’ai refusé toute nouvelle possibilité, juste une journée…
Hier soir, je me suis sentie calme. Apaisée. Tranquille. Retirée. Reposée de la folie du monde, un moment.
