Réveil 6h40. J’attrape mon téléphone sur la petite tablette, je suis bien, ni froid, ni trop chaud, la couverture couvre mes jambes, ma tête est parfaitement calée dans le moelleux du coussin, la fenêtre est ouverte et j’entends les oiseaux.
Le jour, je me fais une joie à l’idée de me lever tôt chaque lendemain. Du temps seule, le silence et faire quelque chose pour moi avant la valse du jour, la lancée dans le vaste monde.. En plus, il fait si chaud en journée ces temps-ci, que passées les heures de travail, je ne suis plus en mesure de faire quoi que ce soit, ni texte, ni recherche, ni sport. Rien. Je lis en attendant qu’ils rentrent. Je vois de l’eau, je change de peau, je réfléchis.
Dans le soir plus tiède, je tente une perçée en installant un matelas pour lire dehors. Je rentre aussitôt, deux moustiques sur le bras, dépitée.
Alors ce levé tôt. La tête fraîche, le coeur neuf, il fait jour comme promis, les oiseaux, la Lune, le ciel, tout le monde est à bord. Le coq chante. Le voisin rentre chez lui, oui. Un autre, qui bricole déjà, s’arrête un instant. Ils discutent une minute.
J’observe mon visage dans le reflet du miroir, ma fatigue est nichée, elle se cache mais de quoi ? Il y a seulement quelques jours, sur ma peau, des marques, sous mes yeux des traits lourds, la mer n’y pouvait rien, je m’étais sentie abîmée, usée, j’avais bricolé des caresses crémées, des ronds, des tapotements et des couches d’anti-cerne et puis là, ce matin, alors que je n’ai pas envie, que ma tête est parfaitement calée dans le moelleux du coussin, je suis bien, ni froid, ni trop chaud, la couverture sur mes jambes, j’ai l’air d’aller parfaitement bien alors que je ne veux rien.
Peut-être une trace de sommeil qui se gommera avec l’air frais qui entre par toutes les vitres ouvertes, qui s’effacera dans le fumet du café, qui s’oubliera dans le plaisir d’écrire, une petite musique, la peau qui respire, la fenêtre ouverte, le jardin bleu pâle, le texte fini, le livre terminé, le coeur heureux d’avoir fait quelque chose.
Peut-être autre chose, une sévérité mêlée à mon désir de créer. Une incapacité à trouver l’équilibre. On se lève, on se lève ! On travaille, on travaille ! Pas de demi-mesure sous peine de s’égarer ! Alors, que juste….j’avais sommeil et peut-être juste besoin que ma tête reste parfaitement calée dans le moelleux du coussin,et moi bien, ni froid, ni trop chaud, la couverture sur mes jambes, à dormir un peu plus…
Peut-être une autre chose encore, que me souffle cette mauvaise humeur alors que je suis seule, pour quelques heures encore… Il manque un quelque chose, mais quoi ?
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Je note dans mes carnets chaque jour ce pourquoi. J’attends réponse. J’ai confiance.