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Ailleurs L'été La Mer

L’eau sâlée guérit tout

J’ai vécu gamine au bord de la mer, sans jamais le voir. La maison dans laquelle j’habitais se trouvait à la périphérie d’une grande ville portuaire et je passais mon quotidien entre le collègue, puis le lycée et le bus qui me ramenait le soir à la cité dortoir.

J’ai le souvenir que petite-fille, pendant les vacances que m’offraient mes grand-parents à leurs mers respectives, je la buvais littéralement. Je me gorgeais de son sel, de son froid, de ses vagues, de sa force, de ses marées et j’invente sûrement, mais il me plaît de garder le ressenti d’une puissance qui m’habitait alors, quand la rentrée sonnait, une puissance qui me tenait longtemps, avant de la retrouver.

J’ai croisé à Paris un amoureux qui m’a porté jusqu’à ce creux niché dans les sommets, dont je ne voulais pas. J’aimais le nom de cette ville nouvelle qui sonnait comme un réconfort après le bitume, le métro, les tunnels, la peur, la destruction, l’angoisse.

Jeunes et sans le sou, puis jeunes et petitou, nous avons traversé trop d’étés dans l’appartement traversant, versé trop de désespoir dans trois jours arrachés à la méditerranée bondée, trop de pas assez, je me suis assoiffée de sel, de fraîcheur, de remous, de force et de marée. J’ai senti craqueler ma résistance.

**

Il y a six ans, deux petitous dans la voiture, on a enfin retraversé cette France qui se voulait inaccessible ! Loué un petit bungalow sans terrasse, dormi sous un orage terrifiant, épongé le dessous des lits, roulé à vélo sur des lieux inconnus mais, mais, mais, j’ai replongé mon corps, ma carcasse toute entière dans les bras de cette mer là qui jamais ne m’avait oublié. J’ai lavé la rouille,comblé les failles, huilé la machine, je me suis réparée.

J’ai nagé dessus, dessous, dedans. Flotté, ri, aimé follement ce moment de retrouvailles et de là-bas, dans le bain de ma vie, j’ai regardé le grand arbre, ce pin majustueux, le plus grand de la plage, celui qui parle au phare rayé d’en face, je l’ai regardé et j’ai juré que je reviendrais toujours.

**

Dans la voiture, plus de petitous, mais deux visages sages vissés sur leurs écrans magiques. Deux parents moins jeunots mais de quoi la traverser enfin, cette France, quand bon nous semble et toutes ces mers dans lesquelles me glisser. Toutes ces vagues pour me soulever, me porter, effacer et gommer la fatigue et les doutes. Ces minutes qui s’écoulent, le corps immergé et l’immensité qui me parle, et me souffle où aller….

L’eau sâlée guérit tout : la sueur, les larmes, la mer.

Isak Dinesen aka Karen Blixen

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3 commentaires

  1. Ta photographie est très belle, je me suis mal exprimée :O
    C’est mon aquarelle qui était moche, parce-que je ne sais pas peindre.

    1. 😉…non pas lu. Mais vu passer, tu me le conseilles ?

  2. Tu as lu: La mer, c’est rien du tout ?
    PS: il y a des années j’ai peint une aquarelle moche et on dirait ta photographie, l’angle, les couleurs, les pas. tout.

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