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Première nuit après l’ailleurs

Depuis deux jours, retour à la maison.

Passé le premier instant, quand la porte s’ouvre sur le dedans, endormi, sombre, frais où tout semble plus bas, distancié, différent. Ce moment magique qui dure quelques secondes où mon corps, mon regard, mes contours n’appartiennent plus à ce lieu, se sont défaits de ces murs, où ma maison et moi, nous sommes devenues deux. Je suis de retour, lui dis-je, en pensée.

Et puis, je foule le couloir, j’allume une lumière ou deux pendant qu’il ouvre les volets en grand et dans un empressement discret ( on dirait que c’est un jeu et qu’il gagne s’il les ouvre tous !), j’entends claquer tous ces morceaux de bois restés figés tels de vaillants soldats, durant notre absence.

Je demande aux enfants de se doucher, sans passer mon nez dans la salle de bain. Je joue moi aussi : quand j’y entrerai, elle sentira l’eau, le chaud, les fleurs. Elle sentira la vie. L’intérieur d’un ventre chaud, elle aura ouvert ses bras à la famille que nous formons tous les quatre. Ma maison-bulle aura souri, soulagée, de nous voir revenus.

Dans le cellier, je dépose un à un tous les sacs, et j’éventre celui que j’ai trié avant le départ matinal et lointain : un tas de blanc, un tas de foncé, je rebranche la machine à laver, j’enfourne avec un plaisir non dissimulé une pelletée de linge noir, sableux, froissé et je verse la lessive, la Soupline. J’appuie sur ON.

Nous voilà rentrés.

Le linge tourne, dans un fond de mousse. Les enfants ont les cheveux mouillés et des pyjamas propres, ils rient à l’idée de dormir en étoile dans leurs grands lits deux places. Ce soir, on mangera des légumes du jardin, des tomates rouges et chaudes que je cueille avec joie et que je glisse en ronde dans le creux de mon tee-shirt, tellement il y en a…

J’arrose mon jardin désolé, il faut balayer la terrasse jonchée de feuilles mortes de trop de chaleur sans une goutte de pluie. Je découvre dans un coin des graines minuscules, nichées dans des gousses sèches, je les pose sur la table pour les trier plus tard. A côté, des graines de capucines, mes premières, rien qu’à moi. Le cerisier a triste mine, le chèvrefeuille rayonne, toutes les fleurs de l’été sont fânées, le petit voisin a croqué toutes les framboises. Le ciel est toujours là.

Je me couche dans mon lit merveilleux, dans le moelleux de mes nuits quotidiennes, dans le souvenir de cet endroit parfait. Ce moment du retour est celui où je me rappelle la force de ces murs, le cadeau du jardin, l’accueil de ce creux là, qui n’en vaut pas un autre. Ce sera la première nuit après l’ailleurs, le premier sommeil dans les bras d’un chez-nous dont nous oublions forcément la chance, dans la course de tous les jours.

**

Premier matin. Pas de pain croustillant. Chacun retrouve sa place autour de la table, la lumière de l’été est divine, il s’étire et pourrait disparaître sans une gymnastique de l’esprit. L’été n’est pas fini, il reste des ailleurs, des piscines bleues, une ville nouvelle, des cousins, des voisins, des amis, des apéros sous les étoiles. Les tartines grillées se couvrent de confiture rose et brillante, le lait est frais, des yaourts attendent au frigo. Les nouveaux livres sont rangés au-dessus du lit, le linge danse dehors dans une odeur délicate. Les maillots sont propres.

Déjà, les enfants repartent.

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4 commentaires

  1. Et si, avant la fin de l’été, nous en buvions un ensemble, d’apéro sous les étoiles?

    1. Cenina a dit :

      et si c’était oui ? un vrai, sous les étoiles, dans un lieu de la ville magique que tu sillonnes plus que moi …

  2. Cenina a dit :

    Ça me plaît de déposer ces sensations ici..elles se transmettent, résonnent et m’aident moi finalement, à m’en détacher 😉… Merci pour le lien, je vais regarder ça de plus près !

  3. Sandy a dit :

    Bonnes retrouvailles avec le doux amer du quotidien. C’est très beau, très poétique et tu poses des mots sur un ressenti que je n’aurais pas su exprimer. Merci.
    Ps : trouvé en passant ce site qui m’a fait penser à toi,
    https://womoon.fr/

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